De nombreuses mesures extraordinaires afin de « lutter contre la pandémie de Covid-19 » ont été prises par les gouvernements de pratiquement tous les pays du monde depuis début 2020. Un esprit critique se doit de s’interroger sur la validité et la pertinence de ces mesures.
Le problème est de savoir par quel bout aborder la question…
Cet article et le diagramme suivant sont des outils pour vous aider à organiser votre analyse.
NB : On notera que si cette analyse contient des éléments spécifiques à une question sanitaire, les grandes étapes de questionnement pourraient être réutilisées pour n’importe quel type de mesure extraordinaire décidées par un gouvernement (vis-à-vis du terrorisme par exemple).
Lisons ce diagramme ensemble !
S’agit-il d’une situation extraordinaire ?
En remontant le plus loin possible dans ma réflexion, c’est le point le plus fondamental auquel j’arrive.
En effet, au-dessus de tout autre considération, l’élément essentiel pour décider d’une mesure extraordinaire (par définition : qui sort du cadre normal de fonctionnement de la société) est de savoir si nous nous trouvons dans une situation extraordinaire.
Pour juger de si l’arrivée d’un nouveau virus génère une situation extraordinaire, il faut selon moi se poser 2 questions :
- La contagiosité du virus est-elle extraordinaire ?
- La dangerosité du virus est-elle extraordinaire ?
Si la contagiosité n’est pas très élevée, la réponse est NON.
Si la contagiosité est très élevée, il faut alors se poser la question de la dangerosité.
Si la dangerosité est très élevée, alors on est face à un virus qui peut se propager de manière significative et faire beaucoup de dégâts : on est dans une situation extraordinaire !
NB : Si la dangerosité est très élevée mais que la contagiosité ne l’est pas, il sera nécessaire de surveiller la situation, peut-être effectuer un certain nombre d’investissement de recherche et donner des recommandations d’hygiène à la population mais le risque, de par la faible contagiosité, étant faible, la situation ne peut pas être considérée comme extraordinaire.
Pour évaluer la dangerosité du virus, j’entrevoie 3 éléments à prendre en considération : la létalité, les séquelles et les effets.
Si la létalité (rapport entre le nombre de personne infectées et le nombre de décès) est très élevée, alors on peut parler de dangerosité très élevée sans même regarder les 2 autres points.
Si la létalité n’est pas très élevée, on peut regarder la question des séquelles. Si celles-ci sont graves (importante détérioration de la santé, sur du long terme et qui concerne une proportion importante des infectés) alors on peut parler de dangerosité très élevée quand bien même la létalité ne le serait pas.
Enfin, si ni la létalité, ni les séquelles ne sont importantes mais que les symptômes du virus (ce qu’il provoque comme réactions durant la maladie) sont très importants au point d’invalider la personne pendant une longue période alors on peut parler de dangerosité élevée.
La mesure est-elle utile ?
Si on a validé le fait de se trouver dans une situation extraordinaire, on peut avancer dans la réflexion et s’interroger un peu plus précisément vis-à-vis de la mesure qu’on souhaite prendre.
La 1ère question à se poser est bien évidemment celle de l’utilité de la mesure car si elle n’est pas utile, il n’est pas nécessaire d’aller plus loin dans la réflexion.
Pour valider l’utilité de la mesure, on peut se baser sur des études scientifiques, une expérience pratique ou d’autres éléments de mesure. Ce qui compte c’est de pouvoir démontrer que la mesure est utile à l’aide d’une information la plus fiable et certaine possible.
La mesure est-elle proportionnelle ?
Si on a validé le fait de se trouver dans une situation extraordinaire et établit avec certitude que la mesure est utile, il faut alors se demander si la mesure est proportionnelle.
On aborde ici la fameuse question de la balance bénéfices/risques.
On va donc mettre en comparaison le bénéfice que peux apporter la mesure avec les coûts que celle-ci peux avoir notamment :
- Sanitaires : La mesure peut-elle directement ou indirectement provoquer des problèmes de santé ou des problèmes sur le système de santé (engorgements par exemple).
- Sociales : La mesure peut-elle directement ou indirectement provoquer un bouleversement du fonctionnement de la société (changements de normes, d’organisation, etc…).
- Économiques : La mesure peut-elle directement ou indirectement provoquer des dégâts économiques (fermetures d’entreprises/commerces, licenciements, etc…).
- Éthiques/philosophiques : La mesure peut-elle directement ou indirectement provoquer un bouleversement des normes éthiques/philosophiques (suppression de libertés, de droits, etc…).
La mesure est-elle cadrée ?
Enfin, une fois tous les points précédents validés, la dernière question à se poser avant d’aller de l’avant avec une mesure est celle du cadre de celle-ci :
- Cadre temporel : une mesure extraordinaire devrait, par définition, être limitée dans le temps. Il est donc nécessaire de fixer dès le départ une durée limitée. Celle-ci pouvant éventuellement être prolongée mais moyennant de repasser à travers tout le questionnement posé ici.
- Cadre légal : aussi extraordinaire que puisse être la situation, toute mesure doit être prise dans le cadre de la loi et de la constitution du pays. Toute mesure prise en dehors du cadre légal (ou à travers des « artifices ») constituerait un dangereux précédent vis-à-vis de l’état de droit.
- Cadre d’application : Les détails de comment la mesure doit être appliquée doivent être clairs et précis pour éviter l’arbitraire.
Conclusion
Ceci constitue un squelette de réflexion pour analyser la pertinence/validité des mesures.
Cela doit vous permettre de démarrer votre analyse personnelle et vous amener ainsi à vous forger votre propre opinion.
Ce diagramme et cet article n’ont pas la prétention d’être parfait et/ou exhaustif et se veulent uniquement un outil pour vous aider à démarrer une réflexion sur un sujet majeur.
Si vous avez des remarques/commentaires, n’hésitez pas à commenter ci-dessous !